L’interview d’LEHV, l’intégrale : Pourquoi engager son entreprise dans le développement durable et comment embarquer ses équipes ?
LEHV : Marie Brabant, pourquoi engager son entreprise dans le développement durable ?
Marie Brabant (We Can) : On constate un engouement croissant de la part des citoyens et donc des consommateurs concernant les questions environnementales, sociales et éthiques, ce qui encourage de plus en plus les entreprises à intégrer la RSE à leur stratégie.
Adopter une démarche RSE présente de nombreux avantages, comme :
- la rationalisation des coûts,
- la performance économique,
- un moyen de se différencier de ses concurrents en renforçant son image de marque
- de fidéliser ses parties prenantes (salariés, clients, fournisseurs…),
- mais aussi d’attirer des investisseurs et des nouveaux talents dans l’entreprise
Près de 76% des jeunes diplômés recherchent un poste qui soit en phase avec leurs valeurs (Selon un baromètre Ipsos pour Boston Consulting Group). Adopter une démarche RSE est un atout indéniable pour développer sa marque employeur et attirer les nouveaux » talents « .
LEHV : On entend beaucoup parler de RSE et de développement durable aujourd’hui mais le discours reste parfois flou pour les entreprises. Que signifie s’engager dans la RSE exactement ?
Marie Brabant (We Can) : La RSE s’appuie sur La norme internationale ISO 26000 qui date de 2010, basée sur 7 piliers principaux :
– La gouvernance de l’organisation (rôle et responsabilités des personnes en charge de gouverner)
– Les droits de l’homme
– Les relations et conditions de travail
– L’environnement
– Les bonnes pratiques des affaires (éthique et loyauté des pratiques, lutte anti-corruption)
– Les questions relatives aux consommateurs (santé/sécurité)
– L’engagement sociétal (décider de s’investir davantage en faveur des hommes, des femmes et de l’environnement, en faveur de la société)
La norme ISO 26000 n’est pas certifiable, mais elle fixe les grandes lignes directrices.
L’entreprise doit se fixer des objectifs prioritaires et mener des actions globales sur l’ensemble de ces piliers pour améliorer son organisation, en s’y inscrivant sur le long terme. Sur le plan économique, mais également social et environnemental.
Pour y parvenir, elle s’engage officiellement à travers sa communication auprès de ses parties prenantes. Elle pourra aussi faire appel à un organisme de labellisation RSE qu’elle aura sélectionné (comme le label Lucie par exemple : pour aller plus loin dans sa démarche de changement ou d’amélioration).
LEHV : D’après vous la RSE attire-t-elle beaucoup d’entreprise aujourd’hui ? est-ce un mouvement amené à s’installer ?
Marie Brabant (We Can) : Je pense que la RSE va nécessairement s’imposer durablement dans les entreprises et faire évoluer le paysage économique.
Selon une enquête récente de Forbes :
« 56% des chefs d’entreprise souhaitent adapter leur entreprise à des modèles éthiques et respectueux de l’environnement. »
« 61% ont dû transformer radicalement leur organisation. »
La pandémie a démontré que les entreprises engagées dans la RSE s’adaptaient plus facilement aux situations de crise, car elles ont une capacité à revoir leur stratégie organisationnelle et à innover, creusant souvent l’écart avec les autres entreprises, qui auraient plus de mal à rebondir facilement.
La RSE répond également aux besoins des collaborateurs de l’entreprise. De plus en plus de moyens sont déployés pour assurer leur protection et leur besoin de reconnaissance. La loi évolue d’ailleurs dans ce sens, répondant aux besoins de sécurité, d’amélioration des conditions de travail, mais aussi d’égalité homme-femme etc. (Loi Auroux notamment).
En effet la RSE fait plus que jamais écho aux préoccupations des consommateurs en matière de santé, de sécurité et d’environnement. D’autant que le citoyen a de plus en plus d’influence sur l’entreprise, à travers ses démarches militantes, mais aussi à travers les medias (notamment les réseaux sociaux).
LEHV : La RSE semble donc impacter à la fois l’organisation de l’entreprise et l’ensemble de son écosystème : les collaborateurs, le client final mais aussi certainement les fournisseurs et plus largement le marché, ce qui expliquerait que de plus en plus d’entreprises décident d’entreprendre cette démarche ?
Marie Brabant (We Can) : Oui tout à fait, la RSE a un vrai pouvoir d’influence aujourd’hui car elle tend à modifier tout l’écosystème. Elle ne se limite pas à un changement interne à l’entreprise, mais global.
Quand nous accompagnons nos clients, nous nous intéressons à la fois à leur impact intra-entreprise, et extra-entreprise. De par sa vocation à être ouverte sur l’environnement, l’entreprise peut influencer l’ensemble de ses publics. A commencer par le consommateur, mais aussi ses fournisseurs, ses investisseurs, ses concurrents, les institutions locales, des ONG. Et inversement d’ailleurs : tous ses publics ont également une influence sur elle.
Prenons l’exemple du marché des baskets de ville – un produit ayant pourtant un impact négatif sur l’environnement. C’est un marché qui est en pleine mutation, grâce à des marques comme Veja, qui poussent le marché à se transformer puisque qu’aujourd’hui Adidas, Reebok, Nike investissent en recherche et développement et travaillent sur l’éco-conception de leurs produits afin de proposer des matières d’origine naturelle ou recyclable.
Ces initiatives sont encouragées par la réglementation qui évolue : Transition énergétique, DPEF (Déclaration de Performance Extra Financière), la loi Pacte (2019 – entreprise à mission, raison d’être) ou encore la loi anti-plastique.
Par ailleurs, de plus en plus « d’investisseurs verts » émergent également du marché, ces investisseurs décident de ne financer que les entreprises que ont pour objectif de limiter leur impact sur l’environnement. (Cf. Time for the Planet)
LEHV : J’aimerais vous poser une dernière question. Alors que la RSE a le vent en poupe, pourquoi est-il si important pour une entreprise de chercher à porter le message auprès de ses équipes et comment doit-elle s’y prendre ?
Marie Brabant (We Can) : Face à l’ampleur des changements attendus sur le marché dans des délais de plus en plus courts, l’entreprise doit plus que jamais pouvoir compter sur ses équipes, qui sont aujourd’hui je pense, le principal facteur de différenciation de l’entreprise. Au-delà de ce qu’elles produisent. L’entreprise va pouvoir compter sur ses équipes pour ses capacités à produire, à créer (de nouvelles idées) et à rendre l’entreprise visible.
Pour rester dans la course, l’entreprise devra donc apprendre à motiver ses collaborateurs, en communiquant davantage avec eux, en leur partageant sa vision, mais aussi en leur facilitant la possibilité de communiquer entre eux afin d’augmenter leur créativité et leur réactivité.
Il s’agit d’abaisser les frontières hiéarchiques, d’être plus à l’écoute de leurs besoins. Mais aussi de mettre en place des espaces d’échanges et des outils. Les plateformes digitales peuvent être un moyen mais aussi les conditions de travail, comme l’aménagement des espaces de travail par exemple.
Pour conclure, je résumerais les préceptes de la RSE par : Engagement, Responsabilité et Confiance. Trois valeurs fondamentales sur lesquelles devront s’appuyer les entreprises de demain.