Le domaine viticole Montirius, une entreprise exemplaire de la RSE
Christine et Eric Saurel prennent soin depuis 33 ans du domaine Montirius de 60 hectares situé au sud de la vallée du Rhône, dans le Vaucluse.
Pionniers en matière de biodynamie dans cette région, ils ont également obtenu le prix régional de la RSE PACA (Responsabilité Sociétale des Entreprises en Provence-Alpes-Côte d’Azur) en 2014.
Pour WE CAN, Madame Saurel a accepté de partager le secret de ce challenge réussi.
WE CAN : Quel a été le déclic de votre engagement an faveur de la RSE ?
Christine Saurel : Suite à un rejet alimentaire découvert chez notre fille nous avons dû nous tourner vers des solutions plus naturelles comme l’homéopathie et l’alimentation biologique. C’est en poussant nos recherches pour l’aider que nous avons pris conscience qu’une autre réalité existait. En étendant ces nouveaux modes de consommation à toute la famille, convaincus de leur impact positif sur la santé, il s’est imposé à nous notre rôle de protéger nos clients ainsi que l’ensemble de l’écosystème inhérent à notre domaine.
WE CAN : Quel a été le moteur du changement ?
Christine Saurel : Héritiers du vignoble familial, nous sommes les propriétaires de la 5e génération. Notre projet ambitieux et innovant pour l’époque n’a donc pas été chose facile, pourtant nous avons fait le choix de prendre ce virage en 1990 en empruntant un nouveau chemin. Notre objectif était d’arrêter les produits chimiques et les pesticides dans nos vignes. Nous avons poursuivi notre projet sans tenir compte des avis défavorables.
Pendant 6 ans nous avons œuvré à la mise en place de nouvelles méthodes en procédant par étapes :
- Recherche de solutions
- Prises de contacts
- Formations
- Mise en œuvre
- Communication
- Suivi, améliorations
C’est au fil de nos investigations, grâce à nos lectures principalement – puisqu’à cette époque Internet n’était pas répandu – que nous avons finalement fait la rencontre de François Bouchet en 1996. Précurseur en biodynamie, il pratiquait la culture de la vigne depuis plus de 50 ans en Maine-et-Loire.
Cet expert agricole a accepté de nous accompagner pendant 3 ans afin de transformer nos 60 hectares de vignes selon le principe de l’agriculture biodynamique : sans l’utilisation de désherbants, ni de pesticides, ni d’engrais chimiques.
A l’issue de cette période de transmission il avait été convenu que nous devenions autonomes.
WE CAN : Quels ont été les bénéfices de la RSE à court/moyen terme ?
Christine Saurel : Les conseils de François Bouchet ont pu rapidement être mis en application car nous avions arrêté les produits chimiques depuis plusieurs années, rendant notre terre propice à ce nouveau mode de culture.
Le changement s’est fait progressivement afin de maintenir l’équilibre financier du domaine.
La terre a rapidement changé de couleur, offrant un raisin de qualité. Nous avons bien entendu sensibilisé nos œnologues à nos nouvelles méthodes de production.
Ainsi Xavier Vignon, puis Guenhael Kessler, œnologues conseil dans la Vallée du Rhône nous ont apporté leurs connaissances techniques tout en s’ouvrant à notre façon d’aborder le vin et la culture de la vigne. Permettant à chacun d’apprendre et d’avancer.
WE CAN : Quels bénéfices en retirez-vous aujourd’hui ?
Christine Saurel : Le volume obtenu n’a pas changé, en revanche la qualité du vin s’améliore d’année en année et ce, je tiens à le préciser, quelles que soient les conditions climatiques. Nos vins sont certifiés biodynamiques par Biodyvin et biologiques par Ecocert®.
A l’époque nous vendions nos vins en coopérative, depuis 2001 nous commercialisons nos propres bouteilles. Conformément à notre volonté de continuer à produire localement pour des raisons éthiques, nous exportons 50% de nos vins à l’international. Pourcentage que nous voulons maintenir à cet équilibre.
Si notre coût de revient est de 30% plus cher avec ces méthodes de production, notre chiffre d’affaires a augmenté. Il est de 1,5 millions d’euros aujourd’hui.
Nous avons également vu nos effectifs augmenter, passant de 8 à 15 personnes en CDI.
Au-delà des résultats chiffrés, nous sommes dorénavant sollicités par d’autres vignerons qui souhaitent apprendre de nos méthodes. Nous sommes actuellement en contact avec des vignerons israéliens.
Nous travaillons également avec des lycées viticoles locaux pour transmettre nos pratiques aux plus jeunes selon une démarche de RSE.
WE CAN : La démarche de RSE s’est donc imposée à vous ?
La dimension sociétale et environnementale s’est en effet petit à petit imposée à l’activité de notre domaine conformément à notre logique de développement.
Nous avons souhaité que les eaux usées soient traitées par une station d’épuration biologique (au moyen de plantes et de micro-organismes) installée sur le site dès 2002, les eaux de pluies sont récupérées, nous utilisons des produits biologiques pour entretenir nos locaux, nos salariés sont sensibilisés aux éco-gestes pour le nettoyage des véhicules et du matériel, nous réfléchissons aux végétaux plantés sur le domaine afin de favoriser la biodiversité, etc.
Nous prêtons encore une attention particulière au bien-être de nos salariés, ce qui limite le turn-over. En favorisant la concertation et la coopération le personnel se sent plus impliqué. Nous avons fait appel à un prestataire extérieur pour travailler avec le personnel sur la sécurité et la santé au travail. Nous sélectionnons également des fournisseurs éco-responsables.
Selon une démarche d’amélioration continue, tous nos progrès sont mesurés et portés à la connaissance de tous. Ce qui nous a valu d’obtenir le prix régional de la RSE PACA en 2014 dans la catégorie TPE pour notre approche environnementale et la gestion de nos ressources humaines.
WE CAN : Quels conseils donneriez-vous à d’autres entrepreneurs ?
Christine Saurel : Pour tout projet novateur, l’important est de se mettre en route sans chercher un résultat immédiat tout en ayant confiance en son envie d’entreprendre.
Quand on est entrepreneur, nous devons être en permanente évolution, au rythme qui nous appartient. Ainsi nous continuons à améliorer nos vins, à mieux comprendre comment nous pouvons agir pour cela. Dans cette démarche nous veillons à la synchronicité avec nos salariés afin de les amener à cocréer et à devenir coresponsables.
Enfin il est important de bien s’entourer. Il est donc également nécessaire de repositionner l’humain au cœur des activités de l’entreprise, pour la rendre performante et vibrante.
Vous souhaitez en savoir plus sur la mise en place d’une politique de RSE ?
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Nous sommes là pour vous accompagner pas à pas dans l’évolution de votre entreprise.